Prix de la Société Suisse de Chronométrie

En 1960, Xavier J. Theurillat reçoit un prix pour son travail de 55 pages sur l'échappement à force constante. Ci-dessous est reproduit le rapport de la Commission du Prix de La Société Suisse de Chronométrie (in Vol. IV – 1960), établi par M. Neusel.

« Un travail a été présenté sous la devise « Vulnerant omnes ultima necat », comptant 55 pages de texte irréprochablement rédigé, illustré de figures non moins bien exécutées. Ce travail résume les efforts d’un inventeur préoccupé par le problème de la « force constante à l’échappement ».

L’auteur part de l’exposé de son brevet d’invention suisse No 223 109, publié le 16.11.42. L’exposé est suivi de quelques adjonctions critiques et d’un exemplaire d’une publication « Le battement de la seconde dans la montre, échappement à saut libre pour mouvement d’horlogerie ». L’auteur examine ensuite s’il vaut la peine de rechercher des projets d’échappement donnant une transmission absolument régulière de l’énergie. Il propose un nouvel échappement destiné à la chronométrie et énumère les avantages de sa construction. Il soumet à l’examen de jury un modèle très agrandi de ce nouvel échappement, prototype d’une construction soignée grâce auquel on peut suivre le fonctionnement du mécanisme. Cet échappement à force constante est certes très ingénieux. Malheureusement, l’auteur s’en remet aux résultats de marche de prototypes et de chronomètres munis du nouvel échappement, mais les mouvements à observer sont encore à construire. Tout en reconnaissant les mérites d’un tel travail, le jury, toutefois, regrette que l’auteur n’ait pas présenté en même temps une réalisation à l’échelle de la montre, réalisation qui aurait été déterminante pour enlever tout doute sur la valeur des constructions présentées. D’autre part, le jury trouve cet échappement bien compliqué, avec ses deux roues, deux ancres et six levées, sans compter le ressort et la complexité de l’axe. A une époque où l’on recherche à simplifier la fabrication de la montre mécanique, et à sortir la montre électrique ou électronique, le jury est sceptique quant à la valeur chronométrique et pratique de cet échappement et au succès qu’il pourrait avoir. Reconnaissant les mérites du travail présenté et l’effort fourni, il a proposé à votre Comité d’accorder à l’auteur de ce travail une récompense sous forme d’un accessit de Fr. 400 .-. »

Le président ouvre l’enveloppe. L’auteur de ce travail est M. Xavier Theurillat, La Chaux-de-Fonds.  

La lecture de ce rapport, plus de cinquante ans après, est tout à fait intéressante ; elle permet de mettre en évidence le fait que le succès d’une invention est souvent dépendant du contexte technologique ou économique. Il arrive qu’une invention apparaisse trop vite ou trop tard ! Aujourd’hui, en 2014, personne ne jugerait qu’une complication dans la montre puisse être un handicap pour sa réalisation, vu le succès des montres mécaniques de haut de gamme et le nombre important de complications de toutes sortes réalisées dans les vingt dernières années.

 

Source : lexpressarchives.ch

Article de L'Impartial du 14 juin 1960, p. 7

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