Xavier J. Theurillat avait imaginé établir un catalogue complet des parties d’échecs, préfigurant ainsi ce qui sera possible plus tard grâce à l’ordinateur, que certains maîtres des échecs voudront défier.

Il note, dans les années 1950 :

Echecstheurillat« Considérant l’universalité du jeu des échecs, la science mise au service de ce jeu par d’innombrables maîtres tout au long des siècles, l’abondante littérature traitant ce sujet (cf. Morra P. (1952), Le Jeu des échecs, Ed. Garnier Frères, Paris), les clubs existant dans tous les pays, dans chaque ville même, il semble qu’un tel catalogue, instrument bien de notre époque, est d’une indispensable utilité, puisqu’il permettra de donner en quelques minutes une analyse complète et détaillée, tant au point de vue qualitatif et comparatif qu’au point de vue historique (noms, lieux, dates, etc.), pour n’importe quelle partie déjà cataloguée, mais surtout pour toutes les nouvelles parties, que ce soit de maîtres ou autres, que l’on voudra joindre à celle du catalogue. Sans le secours de ce dernier, toutes les études en question deviennent limitées à quelques détails tirés au hasard ou nécessitent de longues recherches, la grande partie des renseignements devenant presque toujours introuvables dans le dédale de parties disséminées.

Donc, en cataloguant, par exemple, une partie jouée en finale d’un grand tournoi, on saura sans aucune réflexion et en quelques instants :

-       de quel genre de partie il s’agit ;

-       quels maîtres auront joué les mêmes coups, à quelle rencontre, lieu, date ;

-       la distinction des bons et mauvais coups ;

-       si éventuellement la même partie a déjà été jouée en entier et dans quelle circonstance ; ou alors à partir de quel coup la conduite de la partie apporte une innovation, etc.

Cela constitue autant de renseignements complets et utiles qui, pour la plupart, ne seraient autrement jamais connus.

Il faut noter enfin que l’établissement du catalogue est purement machinal ; il ne requiert donc aucune connaissance particulière… pas même celle de savoir jouer à ce noble jeu ! »

 

Dans son roman Hors la loi, Xavier J. Theurillat utilise la théorie des échecs pour amener le lecteur à comprendre comment la stratégie du détective s'apparente à celle du joueur qui déplace ses pièces de manière subtile afin d'attaquer ou de contrer l'adversaire.